C’est la salle « Monseigneur Tshibangu » de l’Université de Lubumbashi qui a servi de cadre à cette conférence débat animée par le Prix Nobel de la paix, Docteur Denis Mukwege, sous le thème: « Le viol comme arme de guerre». En introduction , le Professeur Antoine Chitungu, Modérateur du jour, a commencé par demander à l’assistance d’ovationner le Conférencier. « Mesdames et Messieurs, avant tout, je demande au Docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018, notre Prix Nobel Congolais de se tenir debout pour être ovationné ».
C’est dans une ambiance tonitruante marquée par les applaudissements du public saluant le Docteur Denis Mukwege que le Recteur de l’Unilu, le Professeur Gilbert Kishiba, a pris la parole. Dans son mot de circonstance, il a souhaité la bienvenue au Conférencier en remerciant l’assistance venue nombreuse écouter ce digne fils de la RDC. « Aujourd’hui, la thématique du viol comme arme de guerre que va développer le Professeur Denis Mukwege nous positionne dans la logique du Président de la République, Chef de l’Etat, qui s’est inscrit comme Parrain de la masculinité positive en Afrique et dans notre pays, la RDC » disait-il.
L’occasion faisant le larron, le Recteur Gilbert Kishiba a offert deux tableaux, en cuivre, vernis aux figures de plusieurs dames regardant dans la même direction et retrouvant la joie après avoir subi des violences sexuelles qui les ont conduit à des interventions chirurgicales effectuées par le Prix Nobel Congolais. Une manière, pour le Recteur, de célébrer l’anniversaire de naissance du Docteur Denis Mukwege intervenu le 01 mars, un jour avant cette grande conférence.
Coïncidence heureuse, le Doyen de la faculté de médecine a, avec l’autorisation du Recteur, annoncé devant le public que « l’auditoire de premier doctorat portera, désormais, le nom du Docteur Denis Mukwege en guise de reconnaissance de tous les efforts qu’il a consenti dans sa profession pour sauver des vies humaines en restaurant la dignité des femmes ». Ainsi, le Recteur a salué le sens d’abnégation et du courage du Prix Nobel de la Paix engagé à sauver les vies dans la partie Est de la RDC « le Médecin est un demi-Dieu » a-t-il conclu.
Avant d’aborder le thème énoncé ci-dessus, le Docteur chirurgien de renommée mondiale, le Prix Nobel Denis Mukwege, a commencé par exprimer son émotion ressentie en chantant l’hymne national à Lubumbashi. « C’est pour la première fois que ma voix a été cassée en chantant l’hymne national qui fait une promesse de vivre en paix pendant que je suis appelé à parler du viol comme arme de guerre ». Il a, ensuite, remercié le Recteur et tous ceux qui se sont impliqués dans l’organisation de cette conférence.« A Lubumbashi, je me sens chez moi… Merci de votre accueil » a-t-il lâché avant de souligner ce qui suit:
« Les violences sexuelles liées aux conflits datent de longtemps. Elles sont donc un fléau qui se répand dans tous les conflits contemporains comme c’est le cas en Tigré, au Yémen, et j’en passe ». Passant en revue le bilan de l’Hôpital Général de Référence de Panzi créé en 1999, il a fait savoir que plus de 70.000 femmes ont été soignées jusqu’à ce jour. Pour Docteur Denis Mukwege, « les viols que subissent les femmes à l’Est de la RDC sont méthodiques, massifs et systématiques pour causer non seulement du tort à la victime mais aussi à sa communauté vue de la déplacer dans son milieu naturel. Du coup, ces viols offrent un espace à une guerre à moindre coût qui entraîne les déplacements massifs ».
S’en est suivi le jeu des questions-réponses entre le Conférencier et l’auguste assemblée. De la prise en charge médicale en passant par l’accompagnement judiciaire, Docteur Denis Mukwege plaide pour une justice équitable afin de redorer l’image de toutes les victimes. « Il faut une justice transitionnelle car les bourreaux sont connus et cités dans le rapport mapping… il n’y a pas de paix sans justice. Et ça ne se négocie pas » a-t-il chuté sous les applaudissements de l’auguste assemblée.
Commencée à 14h30, c’est à 16h50 que le Recteur Gilbert Kishiba de l’Université de Lubumbashi a fermé le banc de cette grande conférence en informant les Professeurs et Étudiants de l’Alma mater que les cours ont déjà repris. Il a, par ailleurs, demandé à la faculté de médecine de se pencher sur le « dossier du diplôme d’honoris causa Docteur Denis Mikwege » car dit-on: aux grands hommes, la patrie est reconnaissante.
Junior Ndala Dibala